Le 1er juillet 1838, une jeune fille, prénommée Marie-Louise, naît dans le petit village de Samoëns. Bien loin des tumultes de la capitale, elle grandit en élevant des chèvres avant de partir à ses 16 ans pour l’aventure d’une vie. Bien loin de se douter de sa destinée, Marie-Louise y fondera un des plus célèbres grands magasins, La Samaritaine, sans jamais oublier sa région natale.
Une enfance à Samoëns, aux confins de la Haute-Savoie
Marie-Louise Cognacq-Jaÿ naît au cœur du hameau du Villard à Samoëns, dans l’ancien duché de Savoie, le 1er juillet 1838. Née dans une fratrie modeste de 8 enfants, son père et son grand-père étant maçons, Marie-Louise garde des chèvres sur la butte de l’actuel jardin botanique durant son adolescence. À l’âge de 16 ans, comme beaucoup de jeunes savoyards à l’époque, elle est envoyée à Paris pour y trouver du travail. Vendeuse au magasin de « La Nouvelle Héloïse », elle y rencontrera son futur mari, Ernest Cognacq. Originaire, quant à lui de Saint-Martin de Ré, située sur l’île du même nom, il devient lui aussi vendeur dans ce même magasin dans les années 1856. Après s’être perdu de vue durant quinze années, Ernest, qui a ouvert un petit commerce prénommé « La Samaritaine« , demande en mariage Marie-Louise, alors première vendeuse au rayon confection du « Bon Marché ».
La Samaritaine, le célèbre magasin du couple Cognacq-Jaÿ
Après s’être mariés le 17 janvier 1872, les deux époux vont consacrer leur vie entière à leur magasin allant jusqu’à travailler 14 heures par jour. La réussite de « La Samaritaine » ne tarde pas à arriver, leur ascension est prodigieuse, transformant cette petite boutique en véritable empire de la vente. En 1970, un siècle après l’achat du premier local, elle compte 4 immeubles, une société de vente par correspondance, de gigantesques entrepôts, 8000 employés et plus de 50 000 m2 de rayons en 1925.
Cette réussite, bien que fulgurante, n’a pas fait oublier au couple leur enfance et leurs préoccupations sociales qui étaient à l’époque aussi importantes que le développement de leur magasin. Dès 1914, l’entreprise a cédé la moitié de son capital aux employés et leur reverse 65% des bénéfices par an. L’autre moitié du capital appartient à la fondation du couple fondée en 1916, Cognacq-Jaÿ, pour leur permettre de financer des œuvres sociales et enrichir le patrimoine de Samoëns entre autre.
Marie-Louise Cognacq-Jaÿ, la bonne samaritaine de Samoëns
La native de Samoëns, bien qu’expatriée à Paris, n’oubliera jamais le petit bourg qui l’a vue naître. Marie-Louise va créer un jardin de montagne à l’emplacement même où elle gardait ses chèvres et en faire un véritable havre de paix inauguré le 3 septembre 1906. Le jour de cette inauguration, elle a donné le jardin à la commune, qui est aidé pour sa gestion par le Musée National d’Histoire Naturelle et la Fondation Cognacq-Jaÿ. Conçu par l’architecte genevois Jules Allemand, le jardin de Jaÿsinia a nécessité deux années de travail et le savoir-faire de 200 ouvriers pour proposer un écrin de 3,7 hectares de jardin. Classé Jardin Remarquable de France, il est désormais scientifiquement géré par le Musée National d’Histoire Naturelle et doté d’un laboratoire ouvert aux scientifiques. En 1916, Marie-Louise et Ernest Cognacq-Jaÿ créent une fondation œuvrant dans le secteur social. Cette fondation a pour mission, depuis sa création, de faire vivre des œuvres caritatives avec la création d’une maternité, d’une maison de retraite, d’un pouponnât prenant en charge les enfants des employés, d’un orphelinat, des colonies de vacances à la mer ou à la montagne pour les enfants des employés, d’un musée ou bien encore d’une maison pour un médecin à Samoëns.
À Samoëns, sur les pas de Marie-Louise Cognacq-Jaÿ
De nos jours, Samoëns vous propose de découvrir la vie de Marie-Louise Cognacq-Jaÿ et ses œuvres en parcourant les allées du jardin de la Jaÿsinia pour y contempler plus de 5000 plantes et fleurs issues des zones montagneuses des cinq continents. Cet écrin de verdure, traversé par un ruisseau de montagne et une cascade, vous fera apprécier les joyaux de la région et ses paysages environnants. Le château en ruine de la Tornalta, au cœur du jardin, et sa chapelle du XVIIIème siècle, sont un passage obligé lors de votre promenade dans ce havre de paix.